Après le Président du directoire qui avait fixé ses objectifs lors de la venue de Berlin, parole à l’entraîneur pour notre mise en route en championnat.
« Je ne vis le sport que pour gagner »
Au même titre que Christophe Le Bouille s’y était plié lors du dernier programme, comment, avec du recul, jugeriez-vous votre première année d’entraîneur ?
« Je savais que ça n’allait pas être facile au tout début. Tout était nouveau, les joueurs, le staff, l’organisation… Il fallait apprendre à travailler ensemble, à digérer aussi les matches d’Euroleague qui étaient dans tous les esprits. Pourtant, au moment de la trêve de Noël, et en dépit de tout ce que l’on pouvait dire ou écrire, nous pointions à la seconde place du championnat. A une longueur d’Orléans. Ensuite, il y a eu ce fameux mois délicat, avec le transfert de Brian Chase et l’arrivée de Bobby Dixon. Tout le monde en connaît l’heureux dénouement, ces deux titres glanés sur les trois en jeu. Pour moi, cela ne peut que me combler d’aise. Comme joueur ou maintenant comme entraîneur, je ne vis le sport que pour gagner des compétitions. Là, j’ai plutôt été servi, non ? »
Quels enseignements sportifs peut-on tirer de l’élimination dans la course à l’Euroleague ?
« Qu’il existe une prime à la continuité ! Si tôt dans une saison, il est très difficile, si ce n’est impossible, d’afficher son meilleur basket. Même les plus grandes équipes européennes sont bonnes à prendre les deux premiers mois car elles ne sont pas prêtes et ne tournent pas à leur plein rendement. Pour nous, la sanction a été immédiate. L’ossature de l’Alba Berlin était composée des mêmes joueurs qui avaient atteint le Top 16 l’an dernier. Chez nous, seuls quatre joueurs sont restés, dont deux qui sont revenus tardivement en raison de leurs obligations internationales. La cohérence, les automatismes, les affinités et les réflexes étaient favorables aux Allemands, ce qui ne nous a pas empêchés de gagner à l’aller. Pour appuyer ma démonstration, il suffit de constater que trois des quatre équipes qualifiées au 2e tour des préliminaires très étaient peu renouvelées. Et si Orléans a éliminé Trévise, pourtant grand favori, il faut sans doute y chercher la raison de ce côté-ci. »
Démarrer sa saison par ce duel couperet contre Berlin se gère comment dans la vie du groupe, dans les aspirations qu’avaient certains joueurs à figurer en Euroleague ?
« La déception est évidente. A Berlin, les gars ont pris conscience qu’ils n’avaient pas montré leur meilleur visage. C’est dur à accepter mais c’est la réalité. Après, chacun de nous sait bien que l’Eurocup n’est pas une compétition au rabais, qu’on y trouve des clubs au palmarès et au budget bien plus impressionnants que le nôtre. On y va avec humilité mais aussi beaucoup d’envie, avec la perception qu’il peut y avoir un challenge alléchant à relever. En attendant, place au championnat ! Je sens une forme d’excitation à démarrer. Le discours ambiant est plus à positiver sur ce qui nous attend qu’à se lamenter sur notre échec en Euroleague. »
On a vu l’équipe alterner le chaud et le froid en pré-saison. Quand peut-on espérer que la température soit bien réglée ?
« Quand les cinq nouveaux auront bien intégré le degré d’exigence que les quatre anciens ont intégré. Trouver la cohérence est toujours un peu long. Seul le travail permet d’homogénéiser un groupe. Evidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Et, comme je le disais auparavant, on a connu cette situation l’an dernier avant de trouver la bonne carburation. A partir du moment où, cette fois, on ne part pas de zéro, j’espère que l’on n’attendra pas 2010 pour lancer la bonne dynamique… »
Surpris par les débuts ratés des grosses cylindrées annoncées que sont l’ASVEL, Nancy et Roanne ?
« Honnêtement, cela m’a surpris, même si la qualité des entraîneurs permet d’accrocher des résultats qui défient la logique. Le tout est de savoir si ces exploits d’un soir ou des premières journées vont se répéter tout du long. On peut aisément imaginer que Dijon et Hyères-Toulon auront les moyens de lutter avec les meilleurs. Pour Poitiers à Nancy, je pense que l’on en revient à la fameuse continuité, facteur clef d’entames réussies. Attendons les six ou sept premières journées avant de dessiner une hiérarchie plus établie. »
« Que les gens vibrent, soient fiers de nous, de leur ville ! »
Les journalistes spécialisés classent le MSB à la 4e place pour L’Equipe, à la 2e pour Maxi-Basket News. Des pronostics qui vous semblent logiques ? Où situeriez-vous l’équipe ?
« L’ASVEL est très largement favorite. Derrière, je vois six ou sept équipes qui forment un noyau dur, sans pouvoir définir un ordre parmi elles. Evidemment, je nous inclus dans le lot. Partant du principe que l’on n’a pas montré grand-chose en préparation, je pense que les pronostics semblent davantage établis sur notre renom et sur la présence de quelques individualités. Cela ne veut rien dire. Figurer dans le Top 6 me semblerait plus juste. »
Au-delà des objectifs fixés par le club, à savoir une place dans le Top 4, une qualification pour les phases éliminatoires de l’Eurocup et un trophée, quels sont les vôtres, pas forcément sportifs au demeurant ?
« Les mêmes, surtout pour maintenir le standing du club. A titre personnel, je préfère ramener un trophée, quel qu’il soit, plutôt que finir 2e, voire 1er, de la saison régulière. Cela marque les esprits et c’est gravé à tout jamais dans l’histoire. L’autre point qui me tient à cœur, c’est poursuivre notre politique de formation, détecter les futurs pros, les intégrer aux entraînements pour ensuite les hisser au plus haut niveau. Plus globalement, je souhaite que l’adhésion entre le public et le club continue à demeurer forte, que les gens vibrent, soient fiers de nous, de leur ville. »
Un dernier mot sur Strasbourg, l’adversaire du soir ?
« Je leur trouve beaucoup de parallèles avec nous. Leur inconstance, cette capacité à déployer du très beau jeu par moments et, la fois d’après, de perdre le fil de leur organisation, tout ceci est très similaire à ce que l’on rencontre de notre côté. Les Alsaciens arrivent sans pression alors que nous, à domicile, avons la ferme intention de marquer notre territoire. Compte tenu de nos interrogations communes, j’imagine que cela nous promet un match indécis. »