De retour en Corée-du-Sud où il avait déjà joué en 2015/16, l'ancienne star du championnat de France Dewarick Spencer
a croisé le journaliste de Ouest-France Valentin Marcinkowski. A 35 ans, l'arrière américain lui annoncé vouloir jouer encore pour un bout de temps.
Retro. Au Mans deux saisons (2008-2010), l'Américain a ensuite connu une carrière riche en événements. Il est aujourd'hui en Corée du Sud.
Le Mans - Séoul, la connexion n'est pas si évidente au premier abord. Pourtant, Dewarick « Dee » Spencer (35 ans) arrive à l'établir sans aucun problème. Et ce même si le génial arrière américain du MSB (2008-2010) a bien bourlingué depuis cette finale de Pro A perdue contre Cholet à Bercy (81-65) : Ukraine, Liban, Chine, Vénézuela et Corée du Sud désormais.
« Rien n'a changé, sauf mon âge »
Au pays du matin calme, l'arrière en est à sa deuxième expérience. Cette saison, il s'est engagé pour un an en faveur des Goyang Orions après un passage en 2015 au SK Séoul. Rencontré par hasard à Itaewon, le quartier des noctambules de la mégalopole sud-coréenne, le champion de France assure être resté la même personne, le même joueur aussi fantasque et spectaculaire. « Rien n'a changé, sauf mon âge (rires) ! »
Le temps passe certes, mais les souvenirs de l'Hexagone, où il a débuté en pro, restent intacts. Les doublés Semaine des As - Pro A (titre de MVP étranger à la clé) en 2007 avec Roanne - un intermède d'une saison à Bologne (Italie) et l'Efes Istanbul - puis Semaine des As - Coupe de France avec le MSB (2009)... « Dee » Spencer a de quoi dérouler au moment de sortir l'album souvenir. « Les grands moments de ma vie de basketteur sont en France, reconnaît-il sans problème. C'est là-bas que j'ai connu les deux meilleurs entraîneurs de ma carrière, Jean-Denys Choulet et JD Jackson, tous deux dans un style bien différent. » Il ne manque pas, en outre, de mentionner spontanément ses deux coéquipiers disparus (Thierry Rupert, Pape Badiane), « des supers mecs pour qui j'ai une pensée sans oublier leurs familles. »
Une suspension et l'Asie comme terrain de jeu
L'histoire d'amour entre la France et le joueur originaire d'Alabama ne s'était pourtant pas fini en conte de fées. Malgré un joli contrat dégoté en Grèce à Maroussi à l'issue de sa période mancelle, Dee Spencer s'est fait rattraper par la patrouille à la suite d'un contrôle positif au cannabis lors de la finale de championnat contre Cholet en 2010. Niveau timing, on a connu mieux... « Je n'ai aucun problème à en parler, confie-t-il sans sourciller. Là d'où je viens, c'est quelque chose de 'normal' et même légal dans certains Etats. »
En dépit d'une suspension de trois mois prononcée par la fédération internationale, le joueur a su rebondir dans la foulée en devenant champion d'Ukraine avec le Budivelnyk Kiev en 2011 (Un intermède où il avait croisé de nouveau le chemin du MSB en Eurocup). C'est alors qu'a démarré son périple asiatique. « Parcourir le monde ainsi, jamais je n'aurais pu l'imaginer. Là d'où je viens, c'est impossible de concevoir une telle vie car des gens qui réussissent, des modèles à qui se référer, il n'y en a pas. »
Né dans la localité portant le nom de « Mobile », Dee Spencer était pourtant quelque peu prédestiné pour découvrir le monde dont, pêle-mêle, « la folie » du Liban qu'il adore, le gigantisme de Séoul, la Chine et ses contrats sympathiques...
Boucler la boucle en France ?
L'intéressé ne s'en cache, le confort salarial que peuvent offrir les clubs asiatiques représente également un attrait non négligeable à cette vie de bohème. Le fameux « challenge sportif » cher à certains est moindre certes, mais tant pis. En Corée du Sud, les joueurs « made in America » sont choyés et le jeu repose en grande majorité sur leurs épaules. « Puis la nourriture est géniale ici, il ne faut pas se mentir (rires) ! »
Malgré ses 35 ans au compteur, Dee Spencer ne pense pas du tout à la retraite. « J'arrêterai le jour où ma fille (10 ans) me dira qu'il est temps de rentrer. » Marié et père d'un fils de 4 ans également, l'Américain est attendu par sa famille du côté du Tennessee. Mais avant cela, ses voeux sont plutôt bien définis : pourquoi pas retourner en Chine d'ici quelque temps, histoire d'engranger quelques dollars de plus... avant un retour en France ? « Ca serait génial, oui, de revenir là où tout a commencé afin de boucler la boucle. »
En Pro A, en Pro B ? « (Faussement vexé) En Pro A bien évidemment ! Je suis toujours le même, toujours Dee ! »
Interview réalisée par Valentin Marcinkowski - Ouest France