Connu comme le loup blanc dans les Mauges, nouvel homme fort du MSB,
Erman Kunter s'est dévoilé dans le Ouest France de vendredi. Sans parler basket...
Donkey Kong et Pac-Man n'ont plus de secret pour lui. « En Turquie, j'ai deux vieilles machines Arcade avec 64 jeux différents. » On est très loin des consoles XBox one, PS4 ou autre Wii U. Chez Maître Kunter, c'est joystick et pièce d'un franc. « J'y ai accroché une petite chaîne pour la récupérer après chaque partie », se marre Erman, dont les yeux font « tilt » en évoquant le flipper, autre passe-temps privilégié. « J'adore. Ça peut partir de partout en multiball. J'ai une machine au Mans, une autre en Turquie. Des flippers mi-électroniques, mi-mécaniques. J'aime entendre le compteur points faire clac, clac, clac. »
Moins sonore mais plus réfléchi, les échecs. Il y a un quart de siècle, Erman Kunter maîtrisait cavaliers et fous en compétition. Un jeu de guerre à la base. Justement, Erman Kunter avoue un penchant presque fanatique pour la 2ème Guerre Mondiale. « Une boucherie effroyable finalement assez récente. J'ai lu et vu énormément de documents sur cette guerre. Quand un sujet m'intéresse, je m'y plonge à fond. »
Hyper calé sur la 2ème Guerre mondiale
Au point d'être devenu un référent reconnu. « Je reçois des lettres de l'étranger pour me demander des précisions ou des documents sur tel ou tel sujet, telle ou telle époque. » Tandis que certains collectionnent les fèves ou les fers à repasser, Erman Kunter compile bouquins et photos sur 39-45. « J'ai des catalogues entiers sur les uniformes des Alliés ou des forces de l'Axe ». Ses images Panini à lui. Le Stalingrad du maréchal Tchouïkov, l'Afrique du Nord d'Erwin Rommel. « Le Renard du désert » décrypté par le « Malin du Bosphore ». Erman Kunter connaît la musique. Dans tous les sens du terme. CD à gogo, DVD de concerts à foison. Erman, le juke-box, zappe, « au gré de ses humeurs », entre reggae, fusion jazz et musique folk.
Marié à l'arrière-petite-fille du Sultan ottoman
Même si le rock semble avoir les faveurs de ses enceintes. « La mort de David Bowie m'a affecté. Immédiatement, j'ai regardé un clip vidéo où il chantait avec David Gilmour, chanteur des Pink Floyd que j'ai été voir en concert l'été dernier. »
L'été de toutes les émotions. En l'espace d'une semaine, Kunter a perdu sa mère, est devenu grand-père. Un petit gars prénommé Demirhan qui fait son plus grand bonheur et celui de sa fille Roksan. « Longtemps présentatrice télé sur une chaîne sportive nationale turque, style Équipe 21, elle est devenue début janvier responsable média de la Fédération turque de basket. »
Quand il évoque sa fille, sa famille, ses yeux pétillent. « Mon père et ma mère travaillaient dans la même banque. À ma naissance, je suis fils unique, ma mère a arrêté de bosser et mon père a fondé sa propre société d'assurances. »
Son enfance ? La question l'amuse. « J'ai fait des études dans un lycée francophone de Galatasaray. » Plutôt à l'aise en maths, « préférant la biologie à la chimie », très moyen en littérature et déjà porté vers l'histoire, l'étudiant Kunter choisira une Université d'économie ! Déjà pro de la balle orange à 17 ans, « lors de ma dernière année de lycée », Erman effectue un service militaire express dans l'armée de terre. « En Turquie, régiment antiaérien. C'était vraiment cool. On devait rester planqués le plus possible dans les baraquements. Nous les sportifs, on ne partait pas en missions. »
La vraie aventure, Erman Kunter la mène de front avec Sofia Osmanoglu, son épouse depuis 36 ans. L'arrière-petite-fille du Sultan de l'empire Ottoman, le Calife Abdülhamid II, 33 ans au pouvoir entre 1876 et 1909 avant d'être expulsé comme un malpropre, lui et ses proches, suite à la Révolution de 1924. « Pourtant, je suis très favorable à cette révolution mais là, ça touche indirectement mon épouse ». Un exil de 50 ans. « Étudiant en France, mon beau-père est devenu ingénieur électronique dans les machines médicales. Mariée à une Allemande, il a participé à la Résistance lors de la 2ème Guerre. »
Une belle histoire de famille à narrer plus tard à son petit-fils, au coin de la cheminée en jouant avec Chicco. Nouveau jeu vidéo ? Non, le nom mexicain de son chat. Un Maine Coon. Amusant avant Le Mans-Cholet...
Portrait réalisé par Philippe PANIGHINI - Ouest France